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Rétention des talents : comment repenser salaires, télétravail et bien-être

Publié le : 8 août 2025Dernière mise à jour : 8 août 2025Par

Le marché de l’emploi est devenu un véritable casse-tête pour les recruteurs. Trouver le bon profil n’a jamais été facile, mais aujourd’hui, le garder s’apparente quasiment à de la haute voltige. Derrière les chiffres du turn-over qui augmentent, il y a surtout des entreprises qui peinent à fidéliser leurs collaborateurs, des talents qui hésitent entre rester ou partir, et une compétition frénétique. Or, la question n’est plus seulement de savoir combien on paie, mais comment on combine plusieurs leviers pour améliorer la rétention des talents. Je vous partage ici les éléments pratiques et parfois inattendus qui font la différence, issus de mon expérience et d’observations terrain.

Pourquoi la rétention des talents n’est plus un simple enjeu RH

Durant mes premières années en ressources humaines, la fidélisation des salariés n’était souvent qu’une ligne au tableau de bord, un chiffre à surveiller comme un autre. Mais ce temps-là est révolu : aujourd’hui, la rétention des talents touche à la survie même de nombreuses entreprises. Le contexte s’est durci : rareté des compétences, nouvelles aspirations des salariés, perte de repères liés à la crise sanitaire… Le rapport de force s’est inversé. Les meilleurs profils savent qu’ils peuvent être courtisés ailleurs, parfois à la moindre frustration ou parce qu’ils n’ont pas le sentiment d’être considérés.

Sans stratégie globale pour garder ses ressources clés, une entreprise peut vite se retrouver avec un déficit de savoir-faire, de créativité et, in fine, un impact direct sur son chiffre d’affaires. Le coût n’est pas qu’économique : départs non anticipés, baisse du moral des équipes, difficultés d’intégration de nouveaux venus, et perte de l’identité de l’entreprise. J’ai vu plusieurs PME dégringoler suite à une vague de démissions. L’équation n’est donc pas théorique : il s’agit d’agir, et vite.

Salaires et avantages : nécessaires, mais clairement plus suffisants

« L’argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue », dit-on souvent. Dans les faits, une politique salariale compétitive reste un socle pour la rétention des talents. Cependant, la nouvelle génération d’actifs ne se contente plus d’un chèque en fin de mois. Je me souviens d’un développeur brillant qui avait refusé une augmentation à cinq chiffres, simplement parce qu’il estimait ne plus apprendre dans son job. Pour lui, la stimulation intellectuelle primait sur la fiche de paie.

Pourtant, négliger la question du salaire serait une grave erreur stratégique. Voici quelques éléments à prendre en compte quand on parle d’avantages pour fidéliser les meilleurs :

  • Politique salariale transparente: Une grille claire, connue et acceptée de tous, nourrit la confiance.
  • Primes d’ancienneté ou de performance, pour récompenser l’engagement visible.
  • Avantages annexes (tickets resto, mutuelle renforcée, participation au transport, etc.) : de plus en plus regardés au moment de choisir – ou quitter – un employeur.

Mais le « tout financier » montre aujourd’hui ses limites. Voici un tableau pour visualiser ce qu’en pensent réellement les collaborateurs, selon différentes enquêtes (dont l’Observatoire des Générations Y & Z, 2023) :

Facteur de fidélisation Importante génération X (%) Importante génération Y/Z (%)
Niveau de rémunération 78 44
Équilibre vie pro/perso 53 78
Possibilités de télétravail 35 68
Possibilités d’évolution 45 72
Qualité de la relation managériale 49 58

Ce tableau est sans appel : deux mondes se côtoient, mais leur hiérarchie des besoins a changé. Si vous vous contentez d’augmenter les salaires sans repenser le reste, c’est l’échec assuré.

Le télétravail : un atout pour la rétention des talents ou une fausse bonne idée ?

Parlons franchement : le télétravail n’est plus un simple « bonus ». Depuis la pandémie, il est devenu un prérequis pour beaucoup de profils, surtout dans les métiers du tertiaire. Mais attention à croire qu’il suffira d’ouvrir la porte du travail à distance pour doper la rétention des talents. J’ai accompagné des structures qui, croyant bien faire, sont tombées dans le piège du « 100 % remote » sans filet, avec des effets parfois destructeurs sur la culture d’équipe.

En réalité, l’équilibre est subtil : octroyer la possibilité du télétravail, oui, mais en gardant des règles claires, du lien social et un suivi personnalisé. Certains collaborateurs accros au face-à-face peuvent mal vivre la distance, tandis que d’autres voient leur engagement grimper avec deux jours à la maison. Le vrai enjeu, c’est la personnalisation du mode de travail.

« Il ne suffit plus de dire ‘vous pouvez télétravailler’ pour fidéliser. Il faut organiser, fédérer, faire vivre la culture de l’entreprise autrement », explique Claire Besnard, DRH dans une société tech lyonnaise.

De mon côté, j’ai vu des équipes littéralement revivre suite à la possibilité de mixer télétravail et présentiel, mais aussi des collaborateurs s’isoler ou décrocher. Il n’existe pas de recette magique, sinon celle de l’écoute active : pourquoi, comment et avec quelles attentes chacun veut-il (ou non) télétravailler ?

rétention des talents

Équilibre vie professionnelle / vie personnelle : le nouveau moteur de la rétention

Là où la génération X voyait parfois l’engagement comme une dévotion à l’entreprise, la génération Y – et surtout les Z – posent un cadre nettement différent. L’équilibre des temps de vie s’impose dans les baromètres de satisfaction interne et des souhaits RH. Personnellement, j’ai vu des managers s’arracher les cheveux face à ces demandes jugées « inédites » : sorties d’école flexibles, RTT supplémentaires, droit à la déconnexion… Mais ceux qui ont compris l’enjeu et accepté de repenser leurs habitudes voient leur taux de turn-over s’effondrer.

Dans un contexte où la rétention des talents se joue aussi sur des détails, le moindre compromis sur l’équilibre vie pro/perso peut vite devenir un motif de départ. Voici quelques pistes concrètes qui, à mon sens, transforment durablement la fidélité des collaborateurs :

  • Horaires souples, avec plage de présence devenue la règle, non l’exception
  • Flexibilité sur les temps partiels ou les breaks (congés parentaux, sabbatiques)
  • Offres de soutien psychologique ou coaching perso
  • Décompression collective (apéro, yoga au bureau, séminaires ludiques…)

Je me souviens d’une startup qui avait instauré le vendredi après-midi off, non pas comme un privilège, mais comme une règle intangible. Résultat : pas un départ en six mois, alors même que le secteur est ultra-concurrentiel. Ce genre d’initiatives marque durablement les esprits et renforce l’attachement à la marque employeur.

Le management bienveillant : pilier négligé de la rétention des talents

On ne le répétera jamais assez : on quitte rarement une entreprise, on quitte un manager. Ce vieil adage trouve une résonance encore plus forte aujourd’hui où la rétention des talents se frotte à la qualité de la relation humaine au travail. J’ai croisé des managers brillants sur le plan technique, qui tuaient toute initiative par leur micro-management ou leur stress communicatif.

À l’inverse, un manager qui écoute, valorise et accompagne dans les moments difficiles reste – sans conteste – l’un des atouts majeurs pour retenir les meilleurs. Cela demande d’accepter un certain lâcher-prise, d’oser la confiance et la reconnaissance régulière, ce qui parfois déstabilise les plus anciens. Mais la différence se mesure vite : moins de départs subits, plus de candidatures internes, un climat social fluide… et, cocasse, une marque employeur qui se nourrit naturellement du bouche-à-oreille des collaborateurs.

Un exemple parlant ? Une PME industrielle où la DRH a osé former les managers à l’intelligence émotionnelle. En quelques mois, les entretiens annuels sont devenus des moments d’échange sincère et les collaborateurs, plus enclins à exprimer leurs motivations profondes plutôt que des souhaits standardisés. Résultat : sur deux ans, le taux de rétention a progressé de 18 %.

Pourquoi la reconnaissance bat le bonus – parfois à plates coutures

Le monde du travail a trop longtemps cru que le « merci » ne pèse rien en face d’un chèque. Mais à écouter les salariés, c’est bien l’inverse : la reconnaissance – quotidienne, spontanée, sincère – nourrit l’attachement à l’entreprise davantage qu’une prime unique, vite oubliée. Prendre le temps de souligner les progrès, d’expliquer les succès collectifs, d’applaudir une initiative audacieuse : cela ne coûte rien, mais crée du lien.

Évidemment, il ne s’agit pas d’une baguette magique. Mais combinez reconnaissance, écoute active et possibilité d’évoluer (sans forcément changer de poste), et vous verrez votre rétention des talents décoller. Pour preuve, ce témoignage recueilli lors d’un audit interne : « Mon manager prend le temps chaque mois de voir où j’en suis, même sur mes petits projets. Je me sens vraiment considéré, et ça change tout… »

Développement des compétences : investir sur l’avenir (et sur la fidélité)

Aujourd’hui, ne pas former, c’est condamner. Les talents – surtout les plus jeunes, mais pas seulement – fuient l’immobilisme comme la peste. La soif d’évolution et d’apprentissage est devenue une norme plus qu’un « plus » dans la vie professionnelle. À mon sens, cela signe un basculement dans la manière même de penser la rétention des talents.

De la formation interne à la mobilité horizontale ou géographique, proposez des passerelles, de nouveaux chantiers, voire des missions transverses. Un collaborateur qui apprend est un collaborateur qui reste – aussi simple que cela ! Une anecdote : lors du dernier séminaire RH auquel j’ai assisté, une DSI racontait avoir sauvé son équipe de l’érosion en lançant un « challenge innovation » : chaque membre consacrait 10 % de son temps à tester un nouvel outil ou projet. Résultat : hausse spectaculaire de la motivation et zéro démission en un an.

Tableau : quelle stratégie d’évolution pour quels bénéfices ?

Levier d’évolution Bénéfices pour l’entreprise Effet sur la rétention des talents
Formation continue Montée en compétences, polyvalence Augmente l’attachement, réduit l’ennui
Mobilité interne Capitalisation des savoirs, motivation Renforce la fidélité, évite la fuite des talents
Projets transversaux Innovation, collaboration renforcée Favorise l’investissement personnel
Parcours sur-mesure Réponse aux aspirations individuelles Crée un sentiment d’unicité

Il ne faut pas craindre l’investissement : vous y gagnez une équipe stable, compétente et engagée. Le mot-clé : osez co-construire ces trajectoires avec vos collaborateurs, en adaptant chaque parcours, là où c’est possible.

Bien-être et santé mentale : la face cachée de la fidélisation

Sujet longtemps tabou, la santé mentale s’impose aujourd’hui comme un pilier de la rétention des talents. Il aura fallu la pandémie pour mettre à nu la fragilité psychique de nombreux salariés – épuisement, anxiété, sentiment de perte de sens ou surcharge cognitive.

Alors que faire, concrètement, pour placer le bien-être au cœur de la stratégie RH ? Voici quelques approches que j’ai pu observer – et parfois initier – avec des résultats étonnants sur la fidélité :

  • Ateliers de gestion du stress, animés par des professionnels extérieurs
  • Séances de méditation, relaxation voire siestes encadrées
  • Accès à une plateforme d’écoute psychologique, confidentielle et gratuite
  • Accompagnement au retour après un burn-out (fin de la stigmatisation !)

Il s’agit de signaux forts, qui montrent que l’organisation ne se contente pas de belles paroles. Un salarié qui sent qu’on veille sur lui, même (et surtout) dans l’adversité, s’attache durablement à son employeur.

Pourquoi la transparence et l’authenticité ont tout changé pour la rétention des talents

Il fut un temps où la communication interne sentait la langue de bois. Aujourd’hui, les talents veulent de l’authenticité. Rien de pire qu’une promesse RH creuse ou une « culture d’entreprise » qui ne se traduit jamais en actes. Cela suppose d’être vrai, même sur les sujets sensibles (fin du télétravail à 100 %, baisse de budget, difficultés techniques…).

Dans un monde exposé, où sites d’avis et réseaux sociaux font et défont la réputation employeur, la transparence est devenue un réflexe de survie. Certains diront que cela expose un peu plus les failles. C’est vrai, mais cela fidélise ceux qui comptent vraiment : ceux qui partagent, au fond, les valeurs de l’entreprise.

J’ai accompagné une ETI qui a réussi à enrayer une fuite de talents simplement… en organisant une série de réunions de co-construction sur ses nouveaux défis RH, sans cacher les difficultés. Résultat : l’engagement est remonté, la défiance a chuté et ceux qui restaient étaient fiers d’appartenir à un collectif transparent.

Comment mesurer l’efficacité de sa stratégie de rétention des talents ?

On ne pilote que ce que l’on mesure. Mais attention à ne pas se reposer uniquement sur les taux de turn-over. La rétention des talents demande aujourd’hui une analyse fine des signaux faibles : absentéisme, temps passé sur les projets secondaires, taux de réponse aux enquêtes de satisfaction, feedbacks informels, etc.

Voici une grille non-exhaustive – à adapter selon la taille de votre entreprise ! – pour suivre et ajuster votre politique de fidélisation :

  • Taux de turn-over global et par service
  • Indice de satisfaction interne (engagement, sens du travail, stress…)
  • Taux de mobilité interne (évolution horizontale ou verticale…)
  • Taux d’acceptation des propositions d’évolution en interne
  • Loyauté post-formation : % salariés toujours présents 12 mois après une formation clé
  • Niveau de confiance envers le management (enquêtes anonymes)

Si vos indicateurs sont au rouge, il n’est pas trop tard pour agir. L’important est surtout d’impliquer toutes les strates hiérarchiques et… d’accepter de se remettre en question. Car les attentes, elles, ne cesseront d’évoluer.

FAQ sur la rétention des talents

Quels sont les premiers signaux d’une perte de talents ?

Baisse de l’implication, absentéisme répété, retrait des projets collectifs ou démission surprise… Dès que la communication se réduit et que l’enthousiasme s’étiole, il est temps de réagir pour préserver la rétention des talents.

Le salaire reste-t-il le premier levier pour fidéliser ?

Il n’est plus suffisant seul. Si un niveau de rémunération juste demeure indispensable, la conjugaison avec des leviers immatériels (autonomie, formation, reconnaissance, équilibre vie pro/perso) est désormais incontournable pour la rétention des talents.

Doit-on craindre le télétravail pour la cohésion d’équipe ?

Le télétravail, bien encadré, améliore la fidélité sans nuire à la cohésion. L’essentiel est de proposer des modes hybrides adaptés aux besoins individuels, tout en entretenant des temps forts collectifs.

Quelles erreurs RH nuisent le plus à la rétention assez rapidement ?

Manque de reconnaissance, rigidité sur les horaires, micro-management ou absence d’évolution plombent la motivation et font fuir durablement les talents. La transparence et le dialogue restent essentiels pour ajuster sa stratégie.

Comment la marque employeur contribue-t-elle à retenir les talents ?

Une marque employeur forte, nourrie de preuves concrètes (conditions réelles, témoignages sincères…), rassure et engage durablement, surtout sur un marché très concurrentiel.

La santé mentale est-elle plus un effet de mode ou un réel enjeu de fidélisation ?

C’est un enjeu majeur. Les risques psychosociaux et l’épuisement professionnel sont aujourd’hui des causes directes de départs. Prendre soin de la santé mentale est un levier stratégique pour la rétention des talents.

Rétention des talents : vers une alchimie durable ou une course d’obstacles ?

Au fond, attirer et retenir les talents n’a jamais été aussi subtil, ni aussi passionnant. Tout l’art consiste à jongler entre l’individualisation des parcours, une équité réelle, et l’audace dans l’innovation managériale. Les employeurs qui sauront s’adapter, écouter, mais aussi se réinventer s’offriront un avantage décisif (et durable) dans la course à la rétention des talents.

Et vous, jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour fédérer et garder vos perles rares ? Si vous deviez retenir une seule idée, ce serait sans doute celle-ci : il n’y a jamais de recette universelle, mais il y a toujours une marge pour humaniser sa stratégie, oser la transparence et miser sur la confiance. Parfois, la meilleure rétention ne se joue pas dans les grandes annonces, mais dans les petits gestes quotidiens. Osez, testez, mesurez : la fidélité, comme la confiance, se construit sur la durée.

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Elise Bertrand
Élise Bertrand est la fondatrice et directrice de publication de Elles Réussissent, magazine B2B engagé et leader dans la valorisation des femmes entrepreneures et dirigeantes. Reconnue pour son dynamisme et sa détermination, Élise met en lumière les parcours inspirants, les initiatives innovantes et les nouveaux modèles de leadership au féminin dans l’écosystème professionnel.

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